mercredi 18 octobre 2017

La famille c'est sacré !

Aujourd'hui nous sommes le 18 octobre 2017 et ça fait trois ans que mon grand-père est mort.
Je vais pas trop trainer là dessus, mais en gros il a été plus un père pour moi que n'importe qui d'autre et c'est toujours aussi dur de penser à lui, tout ça tout ça.
Il avait un cancer du pancréas depuis 2011 et après une courte rémission, ça avait empiré. En Août 2014, nous étions allés chez mes grands-parents avec Tuhki et notre petit garçon d'1 an. Je vais pas vous cacher que c'était pas facile de voir mon papy dans un tel état de souffrance. On a passé un week-end là-bas et finalement est venu le temps de dire au revoir. Pour une raison que j'ignore, j'étais persuadé que c'était la dernière fois que je verrai mon papy en vie. Je lui ai dit vite fait "au revoir !" et j'ai commencé à partir. Et forcément comme je suis un gros fragile, j'ai pleuré en arrivant dans leur jardin. Tuhki m'a vu et elle est venue me parler.

-Tu lui as dit au revoir ?
-Oui.
-Non, tu lui as vraiment dit au revoir ?
-Non. J'y arriverai pas.
-Retournes-y et dis lui ce que tu as sur le coeur. Sinon tu le regrettera.

Bon je suis pas sûr que c'était exactement ça qui s'était dit, mais la dernière phrase est la plus importante et celle là je sais qu'elle a été dite.
Je retourne à l'intérieur, et je le trouve debout alors qu'il avait beaucoup de mal à se lever en temps normal. Il me fait un énorme sourire et me demande si j'ai oublié quelque chose. Je lui répond que non, et je vais lui faire un câlin. Je lui dis que je l'aime, qu'il va me manquer et que j'ai hâte de le revoir. Il dit qu'il m'aime aussi. Je sais pas combien de temps on est restés comme ça, mais à la fin je lui dis enfin au revoir, et je pars vraiment.

SAUT DANS LE TEMPS

On est le 20 octobre 2014, comme prévu nous arrivons chez mes grands-parents. Mon papy est mort deux jours avant. Il est toujours dans une chambre d'ami chez eux (ultra-glauque) et ma mère et ma grand-mère vont le voir régulièrement. La journée passe et le soir tombé on me propose d'aller le voir aussi.
Il faut que vous sachiez un truc sur moi. J'ai hyper peur de la mort. ça peut paraître idiot mais par rapport à beaucoup de personnes j'ai hyper peur de la mort. J'y pense tout le temps et le soir pour m'endormir je dois écouter des choses sinon j'entend les battements de mon coeur et ça me rappelle que c'est un compte à rebours jusqu'à l'heure de ma propre mort, de celle de ceux que j'aime.
Et là on me propose de me montrer le cadavre de mon papy. Dans un premier temps je refuse parce que c'est trop dur. Ma grand-mère insiste. Ma mère me dit de le faire pour ma grand-mère. J'accepte mais je demande à Tuhki de venir avec moi si elle veut bien. On y va tous ensemble. C'est glauque. Je me jure à moi-même de ne plus jamais y aller. Même lorsque tous les invités, la famille, etc... vont lui rendre un dernier hommage, je suis le seul à ne pas y aller.

Tout ça illustre quelque chose de très important. On dit tout le temps que la famille c'est sacré, que personne ne sait mieux que ta mère ce qui est bon pour toi. Que tu dois tout à tes parents et que si tu prends des mauvaise décisions c'est que tu n'as pas écouté tes parents. Ils ont un droit sur toi et de toute façon ils ont toujours raison.
Mais c'est faux. Il n'y a que deux personnes qui savent ce qui est bon pour moi. Moi-même, et la personne qui sait tout sur moi. La personne qui s'intéresse à ce que je suis. La personne qui ne pense pas à son propre intérêt quand il est question des autres.

Cette histoire avec mon papy et le dernier contact que j'ai eu avec lui c'est la quintescence de ce que doit ou ne doit pas être une famille. Grâce à Tuhki j'ai fait les bons choix. J'ai fait les choix logiques par rapport à qui je suis. Parce qu'elle me voit comme je suis, pas comme elle voudrait que je sois. Et quand je repense à ma vie, c'est toujours le contraire avec mes parents.
Je voulais faire des études artistiques, ils se moquaient de moi. Alors je cherchais des études plus "classiques", mais ils se moquaient de moi. Je finis par abandonner le Droit parce que c'est de la merde, on me sort "Moi qui rêvais d'avoir un fils ingénieur ou avocat". Je trouve l'amour de ma vie, on la traite de trainée.  Elle tombe enceinte, ma mère est prise d'un fou rire "Oh José (son connard de mari) m'avait dit que tu nous ferait tout, il avait raison" (faut savoir que j'ai objectivement été un enfant ultra sage toute ma vie en plus). Ils me disent que mon fils n'est pas de moi. Ils nous accusent de rendre malade mon grand-père. Quand je suis petit on m'enferme dans ma chambre parce que j'ai écrit un gros mot dans une bd (à 10 ans). Quand j'ai des mauvaises notes on me fait couper du bois sous la pluie parce que je suis un fils indigne. Quand j'ai des bonnes notes mais que je le dis pas on me prive de console. Quand je fais le ménage et la vaisselle, c'est normal, mais mes amis ont des meilleures notes "j'aimerais que tu sois comme ton ami Maxime". "Tu as effacé tes devoirs mais tu as eu 10/10 ? T'es plus mon fils." La première fois que j'ai invité Tuhki "T'as pas passé assez de temps avec nous, va déraciner des arbres.".
Je vais pas vous faire une liste exhaustive. Ma mère est un monstre. Mes amis m'ont dit pendant des années que je devrais me casser de chez eux. Qu'ils m'acceuilleraient. Mais il aura fallu que mon grand-père meure pour que je comprenne.
Votre famille n'a aucun droit sur vous. Vous n'êtes pas l'enfant de quelqu'un, vous êtes vous-mêmes. ça ne veut pas dire que votre famille est toujours mauvaise. Mais n'acceptez pas tout et n'importe quoi au nom de la sacro-sainte famille. Vous ne leur devez rien, pas même la vie.
Souvenez-vous en. Peut-être que ça sera utile quand vous deviendrez vous-mêmes parents.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire